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L’autre « Violette »
C’est le 7 septembre 1887 que naît Marguerite, Céline, Hélène, Mathilde Marmoud. Elle est la quatrième des cinq filles que comptera le couple Antoine Marmoud, voyageur de commerce et Terrier Péronne, femme au foyer. Sa naissance est déclarée le 8 septembre 1887 auprès d’Ernest Mollard, maire d’Annecy-le-Vieux, les témoins sont Joseph Brunet, aubergiste, et Jean Gallay, domestique. La famille vit au hameau de Baratte à Annecy-le-Vieux. Toute la famille est déclarée de nationalité suisse lors du recensement de 1896.
Quelle fût l’enfance de Marguerite ? Sa scolarité ? Ses études et sa profession éventuelles ? Rien ne nous l’apprend pour l’instant.
Son nom apparaît dans le recensement de 1936, elle vit à Moillesulaz-Sud, sur la commune de Gaillard. Elle est déclarée française et sans profession.
C’est sur le registre d’écrou de la prison du Pax à Annemasse que nous la retrouvons, sous son troisième prénom, Hélène. Elle porte le numéro 412 et est emprisonnée dans la cellule No 5. Elle a été arrêtée le 17 janvier 1944 avec Irène Gubier, propriétaire de l’ancien moulin à écorces, jouxtant la frontière suisse et abritant le « passage des Ambassadeurs ».
Dès la fin 41, Irène Gubier met sa maison au service de la Résistance. Maison dont la situation exceptionnelle permit d’exfiltrer en Suisse courrier, résistants, diplomates notamment. Les personnes juives passaient par le jardin.
Son amie Marguerite Marmoud la rejoint dans ce combat. C’est chez , qu’arrivaient, accompagnées généralement par le gendarme Curtet, les personnes à faire passer en Suisse. Elles y attendaient le moment favorable, puis Marguerite Marmoud acheminait discrètement les candidats au passage chez Irène Gubier qui, à l’arrière de la maison, ouvrait une porte donnant sur la commune de Thônex.
C’est ensemble que les deux demoiselles, dites Les deux Violettes seront arrêtées, torturées et déportées à Ravensbrück après un long voyage de douze jours dans la promiscuité, la puanteur et le manque d’hygiène d’un wagon plombé où étaient entassées 80 personnes.
Si Irène Gubier reviendra à Gaillard le 2 juin 1945, Marguerite Marmoud, plus âgée de dix ans, décédera le 31 janvier 1944 à Ravensbrück.
Elle sera médaillée de la Résistance française comme membre des « Forces Françaises Combattantes, déportés et internés de la Résistance ». Elle faisait partie du réseau Gilbert.
Née suisse, c’est en tant que Résistante française qu’elle donnera sa vie et sera honorée.
Texte: Claire Luchetta